Comment faire face aux questions des enfants sur la quarantaine et gérer leur anxiété ?

Comment expliquer le Coronavirus aux enfants :

Lorsque la décision du Président de la République est tombée jeudi soir, de nombreux enfants ont exprimé leur joie à l’idée d’être dispensés d’école la semaine prochaine (sauf dans nos écoles où les enfants ont beaucoup de plaisir à s’y rendre)… Des vacances improvisées pourquoi pas ? Sauf que passer l’effet d’annonce, ils se sont retrouvés exposés aux craintes des familles, à des informations parfois confuses et surtout, à des changements de vie notables. Tout ceci peut générer de fortes angoisses et une anxiété difficile à endiguer… Comment accueillir leurs peurs ? Quelques pistes de réflexions…

Soyez précis dans vos paroles et parlez de la situation en vous appuyant sur des données et non sur des émotions.

Nous vivons dans un monde d’hyper-informations, face à cette surenchère, deux attitudes sont possibles, soit une consommation frénétique qui nous pousse à être à l’affut de la moindre nouvelle, soit un déni qui nous conduit à ignorer ce qu’il se passe quitte à fantasmer la réalité. Ces deux options sont dommageables pour les enfants qui se retrouvent, dans les deux cas, exposés à des affects qu’ils ne parviennent pas à maîtriser. Il est temps de faire appel à sa raison pour mettre de la distance et de la cohérence dans notre vécu quotidien. La peur vient de l’inconnu ! Il est essentiel de donner du sens à ce qu’il se passe, de structurer notre propos et de responsabiliser les enfants à leur niveau.

Pour les plus jeunes : Commencer par expliquer ce qu’est le coronavirus. Avant d’engager la discussion, préparez des supports visuels, dessins, vidéos, livres explicatifs, de nombreux outils peuvent être mobilisés.

« Un virus, c’est un microbe, quelque chose qui n’est pas visible à l’œil nu, et qui se transmet d’une personne à une autre. Le coronavirus porte pour l’instant le nom « Covid-19 ». Un coronavirus, c’est un virus qui provoque des maladies allant d’un rhume à une pneumonie, une maladie des poumons. Il est apparu chez l’humain au mois de décembre. On disait au début que les premières personnes avaient été infectées sur un marché en Chine où étaient vendus des animaux sauvages, mais finalement ce n’est plus si sûr ».

C’est l’occasion d’aborder des questions scientifiques, de donner un cadre à un mot qu’ils entendent toute la journée. Ensuite, prenez un planisphère et racontez l’histoire de ce virus, ainsi que l’importance des gestes barrières pour limiter sa propagation.

« Ce coronavirus a été découvert dans la ville de Wuhan. Petit à petit, des gens ont été infectés ailleurs en Chine, et des Chinois malades ont voyagé dans d’autres pays, contaminant d’autres personnes. Des cas ont été signalés dans une vingtaine de pays. Chez certaines personnes, le coronavirus déclenche des effets qui ressemblent à ceux d’une grippe (toux, fièvre, difficultés à respirer…), mais parfois c’est plus grave. Ce virus peut être transmis si une personne contaminée tousse, éternue ou touche quelqu’un d’autre sans s’être lavé les mains. Mais on n’attrape pas le coronavirus en touchant des objets venant de Chine ou en mangeant des plats chinois, comme certaines personnes l’ont craint. »

Enfin, proposez des missions claires, passez par le concret, montrez aux enfants comment mettre en place des gestes de protection : lavage de mains, distance sociale, toux dans le coude.

« Quand on tousse, on rejette des gouttelettes, invisibles pour les yeux, qui peuvent aller se déposer dans le nez du voisin. Ou alors un postillon contenant du virus fait un vol plané jusqu’à une poignée de porte, qu’une deuxième personne saisit, avant de se gratter le coin de la bouche. Hop, le virus a trouvé un nouvel organisme chez qui s’installer ».

Pour les ados : Sensibilisez-les aux infos mensongères sur internet. Beaucoup de rumeurs intensifient les craintes. Les ados, dont la sensibilité est exacerbée, suffoquent à l’idée que « tout le monde va mourir ». Pour certains, à la peur s’ajoute une forme de nihilisme « à quoi bon être prudent puisque le monde s’écroule ? ». Alors reprenez les données, les chiffres clés, proposez-leur des articles de presse rigoureuse et scientifique, accompagnez-les, ne les laissez pas seuls dans leur chambre ou face à leur ordinateur, ils ont besoin de votre soutien bien plus qu’on ne le pense. C’est aussi l’occasion de faire des recherches sur les grandes épidémies comme la grippe espagnole.

Et surtout, répondez à leurs questions ! Plus on structure, plus la peur s’éteint !

A lire :

* Sciences : 40 savants et chercheurs d’Anne Blanchard et Tino (collection BAM !, Gallimard jeunesse, 9,90 €). À partir de 10 ans.

* Le Super Livre du corps humain de Mathilde Paris (Deux Coqs d’or, 13,95 €). À partir de 8 ans.

* Dis pourquoi ? spécial corps humain de Mathilde Paris (Deux Coqs d’or, 13,50 €). À partir de 4 ans.

* Rien qu’une petite grippe ! d’Armelle Modéré et Didier Dufresne (collection Matou, L’École des loisirs, 11,50 €). À partir de 2 ans.

Mettons de la conscience dans le quotidien

Nous ne sommes pas en guerre, et il est important de le rappeler, c’est un événement marquant, mais en étant vigilant, responsable et en appliquant les mesures, ne nous craignons pas pour notre vie. C’est une opportunité pour apprendre la citoyenneté, faire comprendre que chacune de nos actions engagent les autres. Par exemple, limiter les sorties, ce n’est pas une punition, mais une manière de ne pas véhiculer le virus. Ce changement de regard permet de voir la période autrement. En outre, il est impératif de rappeler que tout ceci n’est que temporaire. Donc on profite de ce temps différent pour faire des choses qu’on ne ferait pas forcément : cuisiner en famille, lire une collection de bd en entier, réorganiser sa chambre…etc.

Respirer et se relaxer

Pour calmer la peur, l’un des outils les plus efficace est de se recentrer. Plusieurs possibilités pour clamer le flux des pensées :

Redécouvrir les cinq sens : Le toucher, l'ouïe, l'odorat, la vue et le goût nous permettent de nous relier au réel. Une bonne manière de s’en apercevoir, c’est de proposer un raisin sec à vos enfants (pas avant 4 ans). D’abord, il peut observer la couleur, puis le toucher et le presser dans sa paume, ensuite, il peut le porter à son oreille et tenter de l'écouter. Puis, sentir son odeur. Et enfin, le croquer et sentir son goût délicieux. L’enfant découvre alors la magie de la pleine conscience.  

Chanter : Le souffle permet de soulager les tensions du corps. Chanter à pleine voix est une manière ludique et profonde de lâcher prise. Trouvez une chanson que votre enfant aime, installez-vous ensemble et lancez-vous ! Détente garantie !

Observer : Placez un objet devant votre enfant, proposez-lui de le regarder attentivement. Les contours, les couleurs, les dimensions…etc. Ensuite, demandez-lui de fermer les yeux quelques instants, puis de le dessiner. Recommencez plusieurs fois en choisissant des objets avec de plus en plus de détails. Un magnifique exercice pour s’amuser en se concentrant.

Méditer : Pour les ados, pourquoi ne pas les initier à la méditation ? De nombreuses applications proposent des programmes très accessibles. Une bonne manière de se familiariser.

Et n’oubliez pas : l’amour, la responsabilité et la confiance sont nos meilleurs outils.

A demain pour de nouvelles propositions !

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