L'autonomie

L’autonomie

Combien de fois lors de réunions d’informations ou de réunion de parents avons-nous présenté l’autonomie comme un des piliers de la pédagogie Montessori ? Effectivement, la manière dont l’éducateur se définit dans un système montessorien n’a rien à voir avec l’image du maître qui cadre et régente. Il n’est plus ce savant qui manie à la perfection les instruments et les connaissances, mais plutôt celui qui connaît la nature véritable de l’enfant. Dans la pédagogie de Maria Montessori, il est clairement souligné que l’une des plus grandes erreurs de l’adulte, souvent commise par amour, est de faire à la place de l’enfant. L’adulte ne devrait aider l’enfant que lorsque cela est absolument nécessaire. Très jeune, l’enfant qui a exercé sa main à l’aide d’activités de vie pratique peut se nourrir seul, mettre sa table, la ranger, peut se laver seul si on lui montre bien comment faire, s’habiller, se coucher et s’adonner à ses activités dès le réveil sans l’intervention de l’adulte. Une des plus grandes déviances, comme les appelle Maria Montessori, surgit du fait que l’adulte fasse à la place de l’enfant. Car celui-ci pour se développer, a besoin de faire par lui-même, d’expérimenter, d’apprendre à se connaître et à comprendre les mécanismes de son environnement par lui-même, pour révéler sa propre personnalité.

Les mots de Maria. « Cette aide inutile apportée à l’enfant est la première racine de toutes les répressions et, par cela même, des dommages les plus dangereux que l’adulte puisse lui apporter. » Maria Montessori, L’enfant.

Ne pas aider et forger l’autonomie. Sur le papier, on est tout à fait prêt à hocher la tête et brandir un « oui oui absolument ». Mais dans les faits, c’est-à-dire en pratique, au cœur de nos salles de classe, qu’est-ce que cela signifie que de laisser les enfants « autonomes » ? En se posant cette question, nous touchons aux difficultés rencontrées en tant qu’éducateur : qu’est-ce que cela signifie en termes de perte de temps, de stress, de gestion de classe… ? Mais on est également renvoyés aux peurs des parents et aux frileux de la pédagogie Montessori.

Qu’est-ce que l’autonomie ? 

Vous connaissez sans doute cette phrase, « Si tu donnes un poisson à un homme, tu le nourris pour un jour. Si tu lui apprends à pêcher, tu le nourris pour la vie. » - Confucius (551-479 av. JC). Cette parole résume assez bien l’enjeu de l’autonomie. 

Étymologiquement, le mot autonomie vient du grec « autos » qui signifie soi-même et « nomos » qui désigne la loi. L’autonomie est la possibilité de se gouverner soi-même, par ses propres lois et par extension, reconnaître ce droit aux autres. 

L’autonomie pour les anciens avait une dimension morale. Dans l’éducation, l’autonomie se caractérise par la faculté de prendre en charge ses apprentissages, sa formation, c’est à dire d’être acteur, de voir l’utilité de ce qui est à faire et de mener à bien la tâche demandée. Parler d’autonomie à l’école, c’est se demander comment l’enseignant peut s’y prendre pour amener ses élèves à penser et agir de manière réfléchie. C’est quelque chose qui doit être la préoccupation de tout enseignant afin de conduire les élèves à s’autoréguler au sein de leur classe, leur école et plus tard au sein même de la société. 

Il n’y a pas une seule autonomie, mais bien plusieurs, ou plutôt pour être exact l’autonomie a plusieurs facettes : 

1/ L’autonomie physique : prendre conscience de ses possibilités physiques ; du schéma corporel ; apprentissage des gestes quotidiens. 

2/ L’autonomie matérielle : savoir se repérer dans l’organisation de la classe et de l’école ; gérer son matériel d’écolier ; se situer dans l’espace matériel. 

3/ L’autonomie spatiale : se repérer dans l’espace proche, puis dans l’espace plus éloigné ; passer de l’espace vécu à l’espace parlé, puis représenté… 

4/ L’autonomie temporelle : prendre conscience du temps proche, puis lointain ; savoir mesurer le temps ; faire des projets ; rythmer le temps. 

5/ L’autonomie affective : se libérer d’une trop grande dépendance vis-à-vis des adultes ou de ses pairs. 

6/ L’autonomie intellectuelle : certaines méthodes pédagogiques favorisent cette compétence : - Apprendre à apprendre. - Travailler par objectifs, expliciter les buts. - Pratiquer l’évaluation formative, l’auto-évaluation. - Formuler des projets personnels. Évidemment lorsqu’on parle d’autonomie l’on englobe toutes ces différentes facettes puisqu’elles ne vont pas les unes sans les autres, ensemble elles constituent un tout. Le but final étant l’autonomie intellectuelle.

Ce sont toutes ces facettes de l’autonomie sur lesquelles nous travaillons au sein de nos écoles Montessori.