Grandir

A quel moment de notre vie devient-on grand ? Le terme « grandir » semble toujours attaché à l’enfance, à une mesure que l’on fait sur un mur ou chez le médecin, en espérant, à chaque fois, avoir gagné quelques centimètres. « Il a bien grandi ! » s’exclame-t-on en voyant un enfant au retour de vacances. Mais est-ce que grandir est nécessairement relié à la taille ou à l’âge ? Quand est-ce que nous cessons de grandir pour nous mettre soudainement à vieillir ?

Si l’on suit l’origine du mot, on s’aperçoit assez vite qu’elle est associée la plupart du temps au verbe devenir. Car au fond, grandir consiste surtout à devenir grand, comme si le mouvement était continu et toujours tourné vers l’avenir. Et cet horizon ne répond pas seulement aux outils de mesure ou au passage du temps, il se joue en son cœur quelque chose qui relève de la croissance certes, mais aussi de l’expérience. Grandir, c’est se remplir de ce qui vient, cela suppose donc qu’il faut se confronter à l’extérieur, aux autres, et faire face, parfois à l’inconnu. Ce qui nous élève, c’est ce qui nous place en dehors de nous-même, ce qui nous force à regarder vers le haut, la tête haute et les yeux bien ouverts. La proposition de nos écoles internationales réside précisément dans cette ouverture au monde qui suppose de ne plus être recroquevillé sur soi et son environnement “naturel”, mais bien au contraire de prendre les commandes de sa vie.

Grandir, et expérimenter, c’est aussi devoir faire face à sa liberté et parvenir à l’ajuster avec les contraintes qui se présentent dans le quotidien. Lorsqu’on est enfant, les adultes prennent la plupart des décisions à notre place. C’est leur rôle, de nous guider, de nous instruire, de nous accompagner, de nous conseiller. Plus l’on grandit, plus cette présence se réduit, et plus l’on est libre de choisir ce que l’on fait. La difficulté, c’est que chaque choix suppose alors que l’on en soit acteur, et qu’on assume les responsabilités qui en découlent. Il faut apprendre à habiter cette liberté nouvelle, ce souffle vertigineux, apprendre à gérer, son temps, son argent, ses engagements. C’est ce que nous enseignons aux enfants de nos écoles, être acteur de leur vie.

C’est ainsi que l’on se développe non plus en centimètres, mais en humanité. Un enfant grandit lorsqu’il apprend à penser par lui-même, ce qui ne signifie pas de penser seul, mais bien avec les autres. Il prend conscience qu’il est un individu doué de raison, capable de décider, et capable de saisir les décisions de ceux qui l’entourent. C’est précisément pour cela que les ateliers philosophies ont une place prépondérante dans nos écoles. Ainsi considéré, grandir implique une forme indispensable d’autonomie (valeur clé de la pédagogie Montessori). Grâce aux rencontres, grâce à ce qu’il traverse, il commence à dessiner son propre chemin, à composer avec ses goûts, ses rêves, ses possibilités et aussi ses limites. Nos écoles Montessori Esclaibes offrent la possibilité d’analyser son expérience, d’échanger, de dialoguer, de bâtir sur du concret et d’en tirer les conséquences pour la suite. Quand on grandit, on franchit des étapes qui nous transforment. On en sort changé. En somme, c’est un rite initiatique.

Cependant n’oublions pas que pour bien grandir, il faut aussi de la confiance que nous développons dès le plus jeune âge dans nos écoles. D’abord de la confiance en soi pour oser sortir d’une route toute tracée et faire en sorte d’y parvenir. C’est l’ingrédient incontournable qui permet de se dépasser, de s’investir et de savourer les victoires qui se présentent, dès que l’on se sent plus à l’aise dans un domaine ou une tâche qui nous étaient jusqu’alors étrangers. Mais il faut aussi la confiance des autres, de tous les autres, à commencer par les parents, les éducateurs... C’est l’adulte, qui en posant un regard de confiance sur l’enfant et sur l’adolescent, lui permet de s’élever. C’est lui qui lui murmure, même implicitement, ce si précieux : « tu vas y arriver » et qui légitime sa démarche en la rendant crédible. Dans cette quête d’assurance, le tuteur, lorsqu’il s’implique, joue également un rôle prépondérant, il est une oreille, autant qu’un réconfort, une source de conseil, un accompagnateur.

Marier l’action à la pensée, la liberté à la contrainte, l’introspection au dialogue, voilà ce qu’est réellement grandir. Un exercice d’équilibriste, qui ne se mesure pas en centimètres ou en âge, mais qui cherche toujours à regarder devant. C’est à ce prix que l’on devient grand.

montgolfières s'élèvent dans le ciel